Raconter cela ! Non, vraiment.
Il suffit de suivre le chemin et, du même pas que l’on marche, laisser son esprit libre de vagabonder. C’est tout.
Il fait chaud, un peu lourd, il n’y a pas de soleil. C’est l’été, mais déjà la saison a pris ce tournant qui nous mène vers l’automne. Le vent est léger, les feuillages s’agitent doucement et murmurent. Par moment, j’ai l’impression qu’ils chantent.
Je n’ai pas envie de m’arrêter pour prendre des photos. Que prendre d’ailleurs : tout est si ordinaire. Peut-on prendre le temps qui passe, le sentiment d’être suspendu, en cet instant, entre deux saisons ?
Certains champs ont été moissonnés, dans d’autres le maïs pousse doucement. Il bouche un peu la vue. Au bord des chemins, les mûres attendent la main qui les cueillera pour faire la confiture. Les fruits murissent doucement dans les arbres. Ici il reste quelques cerises sauvages, là les pommes ou les noisettes attendent leur tour.
Soudain, une bande de moineaux qui chapardaient quelques graines dans les champs s’envole dans un grand bruissement. Suis-je si effrayant ? Partout, j’entends les bruits des petits animaux qui se cachent.
Les vaches, elles, sont paisibles. Connaissez-vous l’odeur des vaches ? Certains la trouveraient désagréable. Mais elle me ramène immanquablement à mon enfance, chez ma grand-mère...
Petit à petit, mes pas me ramènent sur le chemin du retour, je me dis « quelle belle promenade c’était ! ». Je m’arrête à peine, les yeux dans le vague : chaque moment est unique et ne reviendra plus, il laisse déjà place à une douce nostalgie de l’instant vécu. Mon regard se porte au loin vers le clocher, j’allonge le pas, je pense au thé que je vais préparer. Je savoure déjà la tasse à venir.